Las des rondeurs sucrées du Sacré-Cœur livrées à la collection étouffante des touristes intercontinentaux, passez votre chemin et abordez Montmartre par la face nord.
Prenez la ligne 12 du métro, descendez à la station Lamarck-Caulaincourt, grimpez les escaliers de la rue Pierre DAC et commencez l’ascension de l’Avenue Junot.
Retrouvez Paris en saluant sur votre droite la statue d’Eugène CARRIERE, peintre symboliste de la deuxième moitié du XIXème siècle, ami de RODIN et qui influença MATISSE et PICASSO.
Puis poursuivez votre route. Cette avenue était il y a un peu plus d’un siècle un maquis champêtre, refuge des mauvais garçons puis des artistes fraîchement débarqués à Paris, tels VAN DONGEN et MODIGLIANI. Elle vous offrira aujourd’hui, dans un écrin vert, une paradoxale surprise : un repère exceptionnel d’architecture rationaliste Art Déco sur lequel souffle la mémoire du surréalisme.
Du côté des numéros pairs (n°s 36 à 22), vous déambulerez entre des maisons particulières et des ateliers d’artistes arborés dont la rigueur fonctionnaliste flirte quelquefois avec des relents d’Art Nouveau.
Du côté impair (n°25), les maisons aux couleurs acidulées de la villa Léandre vous transporteront à Notting Hill : dans l’une d’elles, Max ERNST a fait surgir « de mystérieuses correspondances entre le monde familier et le monde surréel du rêve ». Au n°15, Adolf LOOS a conçu la maison de Tristan TZARA, fondateur de Dada, qui, avec ARAGON, BRETON et SOUPAULT, a voulu « tuer l’art ». Sur un soubassement de moellons apparents, un grand mur de crépi blanc évidé au centre par une profonde loggia dessine une façade puissante et élégante. Levez les yeux devant l’hôtel particulier du n°13 : vous y verrez la frise de pierrots gourmands du dessinateur POULBOT, hommage sage et coloré aux gamins dépenaillés de Montmartre qui inspirèrent ce dessinateur.
Pour finir de découvrir Montmartre à l’envers, prenez au n°2 bis l’impasse Girardin et vous serez seul à porter votre regard curieux de l’autre côté de l’avenue d’où surgira, tel Don Quichotte, le dos décharné et dominateur du Moulin de la Galette harcelé côté face par les ardeurs photographiques d’une foule compacte d’admirateurs.
Au n°2, subsiste l’atelier du peintre Gen PAUL, considéré comme l’un des pères de l’expressionnisme abstrait des années 1950.
Enfin, le Passe-Muraille de bronze sculpté en 1989 par Jean MARAIS, en hommage à la nouvelle éponyme de l’écrivain français Marcel AYME, surgit du mur qui ferme l’avenue et clôturera votre promenade sur une dernière note surréaliste.
jeudi 22 avril 2010
L’Avenue JUNOT ou aborder Montmartre par la face Nord
Libellés :
Allez-y
Pays/territoire :
1 Avenue Junot, 75018 Paris, France
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire