mercredi 30 juin 2010

La coulée verte EPINETTES BATIGNOLLES


Ne la cherchez pas dans les guides, vous ne la trouverez pas. Elle existe bien pourtant à l’extrême nord-ouest du XVIIème arrondissement, coincée entre la colline Montmartre, le périphérique et l’aristocratique Monceau.

Elle se mérite à partir du métro Brochant et permet de faire un grand écart entre les initiatives utopiques et romantiques des architectes du milieu du XIXème siècle et les ambitions écologiques de ceux du XXIème.

Dans le quartier improbable des Epinettes au nom évocateur des « épines » dont il était recouvert avant la révolution industrielle et peu attractif car toujours associé dans l’esprit des parisiens à des activités industrielles et un habitat populaire, elle commence par la Cité des Fleurs.

Cette voie privée au nom prometteur ne vous décevra pas. Une porte métallique vous y donne accès rue de la Jonquière (de 7h à 19h du lundi au samedi et de 7h à 13h les dimanches et jours fériés). Vous y découvrez un ensemble arboré de 300 mètres rythmé de maisons et d’hôtels particuliers noyés dans la verdure. Des architectes avant-gardistes ont construit en 1850 ce village dans la ville, sur la base d’un cahier des charges dont la rigueur qui prévoyait l’alignement des façades, le nombre d’étages, la hauteur des murs mitoyens, la disposition des cours et jardins, les arbres obligatoires, les murets extérieurs rehaussés de grilles de clôture, les pilastres en pierre de taille surmontés d’un vase Médicis réussit à conjuguer originalité de chaque lot et harmonie de l’ensemble.

A la sortie de cet univers poétique suranné, vous traversez l’avenue de Clichy et quittez les Epinettes pour les Batignolles, village où se sont succédé, sur plusieurs siècles, réserve de chasse, fermes, résidences secondaires, halles de fret ferroviaire. Celles-ci ont laissé la place aujourd’hui à un espace vert d’un nouveau type : le parc Clichy-Batignolles –Martin Luther King (entrée 147, rue Cardinet) qui s’inscrit tant par son nom que par sa conception dans les grands défis du XXIème siècle. Les arbres et la végétation y déclinent les saisons, l’eau récupérée alimente autour des minicollines les bassins et les canaux paysagers, les familles se sont approprié les pelouses et les chaises longues ainsi que les nombreux espaces sportifs et ludiques, la conservation d’éléments historiques respecte la mémoire du lieu. Il est l’un des plus vastes et modernes parcs de la capitale.

Après ce bain de modernité, vous vous prendrez pour Lamartine, Musset ou Vigny au square des Batignolles. Son parcours romantique a tous les attributs des jardins anglais : vallonnements, grotte, rivière, cascade, lac miniature, ponts, plantations exotiques. Vous y taquinerez et nourrirez cygnes noirs, colverts, foulques et vous aurez envie d’y chanter avec Barbara qui a donné son nom à une allée qui traverse le parc, le goût de l’eau, le goût du pain et celui du perlimpinpin dans ce jardin des Batignolles…

Annie CLAIR/30 juin 2010

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